« Au cours de la seconde moitié du siècle dernier, aucune voix ni aucun message n'a été aussi puissante et fidèle pour indiquer aux autres la voie de Christ, » a affirmé le pasteur Eddie Fox, l'un des nombreux Méthodistes Unis qui ont connu ou dont les vies ont été touchées par l'évangéliste Billy Graham.
« Il utilisait le langage simple des gens ordinaires et en même temps se sentait à l’aise avec les présidents et les leaders du monde. »
Graham est décédé le 21 février chez lui en Caroline du Nord, de mort naturelle, selon sa famille. Il avait 99 ans.
L'évêque Bruce R. Ough était parmi les Méthodistes-Unis qui se souviennent de l'influence de Graham. Pour lui, cette influence était cruciale. Ough, président du Conseil des Evêques Méthodistes Unis, était un jeune homme de 16 ans qui travaillait dans la ferme du Dakota du Nord de son oncle lorsqu’il a regardé « la nuit de la jeunesse », une des croisades retransmises par Graham à la télévision.
« Par la suite, j'ai donné ma vie à Christ dans le salon de mon oncle, » soutient Ough. « J'ai grandi dans une église Méthodiste Unie, mais je ne faisais pas, tellement, partie de cette église. C’est à ce moment-là que j'ai pris conscience que je voulais être un véritable disciple de Jésus-Christ. »
L'évêque Paul Leeland, de l'ouest de la Caroline du Nord, a qualifié Graham de « leader persuasif qui transcendait les identités confessionnelles afin de communiquer des valeurs chrétiennes et de guider les personnes d’influence à tous les niveaux. Sa vie et ses enseignements nous inspireront pendant de nombreuses années. »
Des Méthodistes Unis ont travaillé en étroite collaboration avec Graham pendant ses campagnes d'évangélisation.
Fox, leader à la retraite en charge de l'évangélisation mondiale pour le Conseil Mondial Méthodiste, est régulièrement intervenu comme instructeur des écoles d'évangélisation de Billy Graham pendant 15 ans à partir de la seconde moitié des années 1980. Le but de ces écoles était d'encourager les pasteurs dans la promotion de l'Évangile.
« Ces écoles avaient vraiment une vocation œcuménique, avec des pasteurs représentant 70 à 80 confessions et des groupes divers, y compris des Catholiques, » a déclaré Fox.
Lorsqu'il a été élu à la tête des œuvres d'évangélisation du Conseil Mondial Méthodiste en 1989, M. Fox soutient que l'une des premières personnes à lui avoir écrit fut Graham. « Il m'a fait savoir que Dieu m'avait choisi pour ce moment et qu'il priait pour moi. C'était très encourageant. »
L'Association des Evangélistes Méthodistes Unis, affiliée à l’agence de l’Eglise Méthodiste Unie chargé du discipolat, remit à Graham une de ses premières Philip Awards en 1976. Bien que l'évangéliste n’ait jamais intervenu à une Conférence Générale de l’Eglise Méthodiste Unie, il a fait des interventions lors de certains événements, dont quelques-unes des assemblées du lac Junaluska, non loin de son domicile dans l’ouest montagneux de la Caroline du Nord.
Graham était un ami intime de feu Harry Denman, un des célèbres évangélistes laïques Méthodistes. Denman a dirigé la Commission sur l'évangélisation de l'Église Méthodiste nouvellement formée en 1939 et a beaucoup voyagé pour des réunions et des séminaires d'évangélisation. Il a poursuivi son ministère longtemps après sa retraite officielle en 1965. Il est mort en 1976.
Au fil des ans, de nombreux pasteurs Méthodistes Unis, sur tout le territoire des États-Unis, ont servi de conseillers pour les croisades Graham organisées dans leurs villes respectives. Des milliers de Méthodistes Unis ont identifié les croisades de Graham, ses prédications télévisées et ses livres comme marquant le tournant décisif de leur vie.
Feu le Rév. Joe Hale de la Caroline du Nord, ancien secrétaire général du Conseil Mondial Méthodiste en fait partie. Hale doit son ministère chrétien à Graham qu'il avait rencontré à la fin d’une croisade à Little Rock (Arkansas) lorsqu’il était adolescent.
« J'ai découvert dans quel hôtel il avait pris ses quartiers. J’ai frappé à la porte de sa chambre, interrompant sa douche, » se souvient Hale dans une interview. « Il m'a invité à entrer, a prié avec moi et a écrit dans ma Bible. »
Hale a rencontré Graham, par la suite, lorsqu’il avait environ 20 ans.
« Je retournais aux Etats-Unis par bateau après avoir rendu visite à mon père qui travaillait pour le Département d'Etat américain en Thaïlande, » a-t-il dit. « Dr. Graham était sur le même bateau. Pendant le voyage de 10 ou 12 jours, il m'a, plusieurs fois, invité à dîner avec lui. Nous avons eu des conversations intéressantes. »
Plus tard, Hale a eu plusieurs autres occasions d'être avec Graham. Il a conduit le Rév. Donald English en charge de l'évangélisation de l’Eglise Méthodiste d'Angleterre et Rév. Alan Walker, leader Méthodiste australien au domicile des Graham pour une visite.
Au sujet de la première rencontre dans la chambre d'hôtel de Graham à Little Rock, Hale se souvient avoir pris une décision critique. « Toute ma vie, j’ai fréquenté l’église. Mais, j’ai pris la décision de rechercher le pardon de Dieu et de marcher en nouveauté de vie. »
Pendant la croisade de Little Rock dans les années 1940, Graham a prêché à une foule racialement intégrée. Au temps de la ségrégation raciale dans le Sud, Graham a insisté pour que toutes ses croisades soient ouvertes à tous, sans distinction de race.
Feue l’évêque Léontine Kelly d'Oakland (Californie), qui a dirigé le département d'évangélisation de l’agence de l’Eglise Méthodiste Unie chargé du discipolat avant son élection à l'épiscopat en 1984, a qualifié la prédication de Graham « d’électrique ».
« Ses intentions étaient clairs et son engagement envers Jésus-Christ était inébranlable, » a déclaré Kelly, qui est décédée le 28 juin 2012. « Nous serons toujours reconnaissants envers la télévision ; ce qui lui a permis de communiquer l’Evangile de Jésus-Christ à des millions de personnes. »
Au début de son ministère, tous les Méthodistes Unis ne considéraient pas Graham comme étant ouvert à d'autres traditions et perspectives chrétiennes. Certains pasteurs Méthodistes Unis n’ont pas apprécié le fait d’être évalués avant d'être approuvés pour être des conseillers dans les croisades de Graham. D'autres ont estimé que l'évangéliste évitait de dénoncer l'injustice sociale.
« Billy Graham a grandi en sagesse et en générosité au fil des ans, » a observé le Rév. Bruce Robbins, qui était membre de la Commission sur l'unité chrétienne et les questions interreligieuses à New York pendant plus de 12 ans. « Cette générosité s’est traduit par son acceptation et sa réconciliation avec des personnes il n'aurait pas envisagées au début de sa carrière. »
Un exemple que cite Robbins est le discours qu'il a entendu Graham donner au début des années 1980 après que l'évangéliste ait visité la Russie. « Il appelait à la paix et au désarmement, alors que la situation était très tendue entre l'Est et l'Ouest. Il encourageait, de plus en plus, le dialogue avec les personnes de différents bords religieux et montrait sa solidarité. C'était un véritable don qu'il offrait aux communautés chrétiennes et religieuses du monde. »
Graham a rencontré onze présidents américains à la Maison Blanche. Bill Clinton, George H.W. Bush et Jimmy Carter, trois anciens présidents, ont participé à l'ouverture de la bibliothèque Billy Graham à Charlotte (Caroline du Nord) en 2007. Le président Barack Obama a rencontré Billy Graham, le 25 avril 2010, chez lui, à Montreat (Caroline du Nord).
Ken Garfield, directeur de communication de l'Église Méthodiste Unie de Myers Park, a couvert les activités de Graham en tant que reporter du département religion pour le Charlotte Observer et a publié un livre intitulé « Billy Graham-Une vie en images. »
Les reportages de Garfield ont coïncidé avec les dernières années de Graham en tant qu’évangéliste actif, puis les débuts de sa retraite.
« Ses conseillers et sa structure ministérielle vous empêchent, en quelque sorte, de percevoir l'essence de Billy, qui demeurait le vieil homme gentil que j’avais connu, » a déclaré Garfield. « Un jour, j’ai écrit une rubrique sur la solitude. Et, il m'a écrit une lettre personnelle sur la solitude. Je faisais un reportage sur sa femme malade à la clinique Mayo. Et, il m'a laissé un long message téléphonique, tellement long que la machine a dû le couper. Ce n'était qu'un gentil vieillard qui parlait de sa femme malade.
« Il y avait une humanité en lui. Et, c’est ce dont j'ai choisi de me souvenir. »
M. Graham et son épouse, Ruth, décédée le 14 juin 2007, avaient trois filles, deux fils, 19 petits-enfants et de nombreux arrière-petits-enfants.
Tom McAnally, à la retraite, fut le directeur d’United Methodist News Service en 2001. Hodges est un reporter de l’United Methodist News Service qui vit à Dallas. Contact Média : newsdesk@umcom.org.